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  • Photo du rédacteurJonas Croissant

Jésus a-t-Il aboli la loi de Moïse?


La question suivante nous a été posée sur notre page Facebook : « Que pensez-vous de la doctrine de l’abolition de la loi ? ». C’est une très bonne question, qui est plus complexe qu’il n’y parait comme nous allons le voir. La question pourrait sembler facile et beaucoup répondrons à raison que Christ n’a pas aboli mais accompli la loi, ce qui provient de Matthieu 5:17-19 :

« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux ».

Pourtant cette question est loin d’être simple. Pourquoi ? Laissez-moi l’illustrer par d’autres questions. Si la loi est abolie, alors il n'y a plus de lois ou de commandements aujourd’hui pour le chrétien n’est-ce pas ? Ou au contraire, si la loi n’est pas abolie, pourquoi ne la pratiquez-vous pas ? Pourquoi mangez-vous du porc ? Pourquoi ne célébrez-vous pas le sabbat ? Etc.

« Parce que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce », me direz-vous. Et vous auriez raison de distinguer l’ère chrétienne de l’Ancienne Alliance. Mais n’y a-t-il donc pas dans un certain sens légitime un changement d’application de la loi pour le chrétien, ce que certains appelleraient improprement une abrogation ? Pour répondre bibliquement à toutes les ramifications de cette question nous allons considérer brièvement cinq aspects :

● Les chrétiens ne sont pas sous la loi de Moïse

● Le caractère tripartite de la loi de Moïse

● L’accomplissement de la loi de Moïse par Christ

● Les lois qui ne sont plus valides pour le chrétien

● Le cœur de la loi est l’amour

Les chrétiens ne sont pas sous la loi de Moïse

Il n’y a pas de contradictions dans la Bible, seulement des paradoxes. Un de ces paradoxes est le fait que Christ dise « Je ne suis pas venu pour abolir » alors que Paul dit explicitement par l’Esprit de Christ que « Christ est la fin de la loi, pour la justification de tous ceux qui croient » (Romains 10:4). Vous êtes chrétien et donc justifié par la foi en Christ. Ce texte affirme donc que la Loi de Moise n’est plus une obligation qu'il vous incombe d’accomplir.

L’épitre aux Galates nous explique aussi que la loi était comme un guide temporaire pour nous mener dans les bras de Christ : « Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue » (Galates 3:24-25).

Pourquoi ? Certes, la loi est bonne et sainte (1 Timothée 1:8), mais elle exacerbe le désir de pécher (Romains 5:20a). Notre transgression de la loi nous fait ensuite prendre conscience que nous ne pouvons pas nous sauver par la loi et que nous avons besoin d’un Sauveur. Ainsi la loi nous a conduit à Christ pour « que nous fussions justifiés par la foi » en Lui et en son œuvre rédemptrice en notre faveur (Galates 3:24). La loi nous ayant conduit à Christ, elle n’est ensuite plus nécessaire (3:25).

Le caractère tripartite de la loi de Moïse

La loi mosaïque contenait trois sous-catégories : (1) la loi civile (qui aussi appelée la loi judiciare), (2) la loi cérémoniale, (3) la loi morale.

■ La loi civile concernait tous les commandements que Dieu avait donné au peuple d’Israël pour préserver l’ordre public et la justice dans la nation. Les lois sur les héritages, l’hygiène, les maladies, les prescriptions et proscriptions alimentaires, le soin des pauvres, mais aussi les lois sur les restitutions en cas de vols, ou les lois sur la peine de mort, étaient toutes des lois civiles destinées à codifier les règles qui régissaient la société juive ainsi qu’à diriger l'application de la justice.

■ La loi cérémoniale concernait tous les préceptes qui gouvernaient l’adoration de l’Éternel dans son temple. Les dimensions et les matériaux du tabernacle et du temple, la purification des instruments de culte, les ordonnances relatives aux sacrifices, les lois concernant les Lévites ainsi que les sabbats et les célébrations juives, faisaient toutes partie de ce que l’on appelle la loi cérémoniale.

■ La loi morale, enfin, concernait les commandements qui adressaient comme son nom l’indique des questions morales : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face » (Exode 20:3), « Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain » (20:7), « Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deutéronome 6:5).

Évidemment, il y avait bien des lois dont le contenu étaient à la fois moral et civil. Par exemple, les commandements relatifs à notre relation envers notre prochain parmi les dix commandements : « Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain » (Exode 20:13-16).

De même, il était bien entendu moral d’obéir à Dieu en suivant les prescriptions cérémoniales décrites dans le Pentateuque. Le fait que Dieu motivait l’obéissance des lois du Lévitique en disant continuellement « Je suis l'Éternel, votre Dieu », révèle aussi le caractère moral qui y était attaché : « Chacun de vous respectera sa mère et son père [civil], et observera mes sabbats [cérémonial]. Je suis l'Éternel, votre Dieu [connexion morale] ».

La distinction tripartite de la loi est cependant biblique et très utile comme nous le verrons avec les commandements qui ne sont aujourd’hui plus valides pour les chrétiens.

L’accomplissement de la Loi de Moïse par Christ

La raison pour laquelle Jésus a dit « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir » (Matthieu 5:17), était l’essence de son incarnation : notre salut pour la gloire de Dieu. Avant de mourir en tant que substitut pour le pécheur, Jésus devait d’abord « accompl[ir] ainsi tout ce qui est juste » (Matthieu 3:15). Il dit enfin en mourant « Tout est accompli » (Jean 19:30).

Christ est né comme un juif sous la loi de Moïse et en pratiqua l’intégralité: les aspects civils, cérémoniaux, et moraux. Il paya les taxes à César, célébra la Pâque et les sabbats, et aima Dieu et son prochain parfaitement. La différence magistrale avec ses contemporains est qu’Il suivit la lettre et l’esprit de la loi à la perfection toute sa vie durant.

Il a accompli la loi pour nous sauver et nous en libérer : « mais, lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption » (Galates 4:4-5). Étant ainsi l’homme parfait, Il pouvait mourir en recevant le poids de nos péchés à la croix, et nous donner le bénéfice de sa vie juste : « Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5 :21).

Dr. John MacArthur commente ainsi l’accomplissement de la loi par le Christ décrit en Matthieu 5:17 : « Cela parle d’accomplissement dans le même sens qu’une prophétie est accomplie. Christ indiquait qu’Il est l’accomplissement de la loi dans tous ses aspects. Il a accompli la loi morale en la suivant parfaitement. Il a accompli la loi cérémoniale en étant l’incarnation de tous les types et de tous les symboles vers lesquels la loi pointait. Et, Il a accompli la loi judiciaire en personnifiant la parfaite justice de Dieu ».[1]

Les lois qui ne sont plus valides pour le chrétien

Toutes les lois cérémoniales symbolisaient l’œuvre future du Christ. Les sacrifices de sang ne sont plus nécessaires « car Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Corinthiens 5:7). Brûler continuellement de l’encens dans le temple n’est plus nécessaire car l’encens symbolisait la prière (Apocalypse 5:8, 8:3-4), et que Christ « est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » (Romains 8:34).

Célébrer le culte le samedi comme un sabbat n’est pas commandé, car le sabbat symbolisait le repos (Exode 10:8, Hébreux 4:7-11), et Christ a conquis pour nous un repos éternel avec Dieu aux cieux (2 Thessaloniciens 1:7). Les fêtes et les cérémonies de l’Ancienne Alliance peuvent ainsi être reliées à Christ et son œuvre rédemptrice. Christ accomplit continuellement en nous ou pour nous la loi dans son sens spirituel.

L’épitre aux Hébreux nous enseigne en effet que la loi cérémoniale était simplement symbolique: « En effet, la loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l'exacte représentation des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu'on offre perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection. Autrement, n'aurait-on pas cessé de les offrir, parce que ceux qui rendent ce culte, étant une fois purifiés, n'auraient plus eu aucune conscience de leurs péchés ? » (Hébreux 10:1-2).

Symbolique de quoi ? Colossiens 2:16-17 répond : « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune, ou des sabbats : c'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ ». La boucle est bouclée, la loi est comme un pédagogue pour nous mener à Christ, et elle était symbolique du Christ Lui-même.

La loi et l’Ancien Testament ne doivent donc pas être vus comme abolis par la venue de la grâce de Christ dans le Nouveau Testament, car Christ et le Nouveau testament accomplissent et explique en substance ce que l’Ancien Testament montrait comme une ombre. Il n’y a pas d’opposition entre Ancient et Nouveau Testaments, entre Loi et Grâce, entre une ombre et la personne d'ou elle "provient". Ils forment une entité unie et inséparable.

La Bible entière contient des lois à appliquer et la grâce pour être sauvé. La Bible entière révèle le Christ (Luc 24:44). Parler d'abolition de la loi est impropre et impossible au sens stricte car Matthieu 5:18 affirme que la loi demeurera jusqu'à la destruction de l'univers et la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre (cf 2 Pierre 3:10-13).

Considérant Colossiens 2:16-17, il est limpide que les lois civiles et cérémoniales sont donc obsolètes pour le chrétiens : « les aliments, les boissons et les divers ablutions, étaient des ordonnances charnelles imposées seulement jusqu'à une époque de réformation » (Hébreux 10:10), « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune, ou des sabbats » (Colossiens 2:16). Notez que dans ces deux versets les lois civiles et cérémoniales sont juxtaposées.

Le chrétien peut manger du porc, il peut manger halal, il peut aussi manger des fruits de mer tout comme porter des vêtements confectionnés avec différents matériaux. ou encore, couper sa barbe. Il peut considérer tous les jours égaux (Romains 14:5-8), mais tout doit être fait pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10:31).

Pourquoi ? Parce que les ordonnances civiles et cérémoniales n’étaient souvent pas morales en soit. Il était moral d’y obéir car Dieu l’avait commandé à ce moment-là. Si un parent interdit à son enfant de prendre un livre sur une table basse, il est immoral qu’il le fasse ; mais si le parent ne l’avait pas interdit, prendre ce livre serait tout à fait acceptable.

De même, il n’est pas intrinsèquement mauvais de manger certains animaux, mais cela était interdit car Dieu l’avait alors prohibé. « Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère » (Deutéronome 14:21), n’est pas une loi morale absolue. Cela était interdit car Dieu voulait que les israélites n’imitent pas les nations païennes des alentours qui faisaient une telle chose dans des situations d’idolâtrie.

Les lois civiles et cérémoniales avaient été données à la nation d’Israël pour une époque passée qui est désormais révolue. Il est erroné d’imposer aux chrétiens des pratiques de la loi juive, ou bien une partie des commandements civils ou cérémoniaux de la loi de Moise, comme le font les Adventistes du Septième jour qui pratiquent notamment le sabbat et les restrictions alimentaires en affirmant que Dieu l'ordonne.

En revanche, tous les enseignements de la loi de Moise ne sont pas obsolètes aujourd’hui pour le chrétien, puisque la loi morale demeure. C'est pourquoi neuf des dix commandements (celui sur le sabbat est exclu) sont répétés dans le Nouveau Testament. Pourquoi? C’est le prochain point sur l’amour.

Le cœur de la Loi est l’amour

Qu’est-ce que l’esprit de la loi ? C’est-à-dire qu’est-ce que le cœur, l’intention, et l’objectif de la loi ? Jésus y répondit lorsqu’un homme le posa cette question :


« Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes » (Matthieu 22:36-40).

C’est ce que résumera l’apôtre Paul de la façon suivante dans les épitres aux Romains et aux Galates : « l'amour est donc l'accomplissement de la loi » (Romains 13:10b), « Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Galates 5 :14). Or, « l’amour ne périt jamais » (1 Corinthiens 13:8), c’est pourquoi la loi morale est éternelle, car elle reflète le caractère de Dieu Lui-même. « Dieu est amour » (1 Jean 4:16).

Conclusion

La loi n’a pas été abolie mais accomplie par Jésus Christ. La loi cérémoniale était « une prophétie vivante », ou un type, du Christ. Elle avait pour but d’illustrer le caractère vil et mortel du péché ainsi que l’absolue sainteté nécessaire pour s’approcher de Dieu. Christ a accompli la loi cérémoniale pour nous sauver de la colère de Dieu. Personne n’a jamais été sauvé par son obéissance à la loi, c’est pourquoi Christ vint sous la loi pour l’accomplir parfaitement à notre place et nous en délivrer. Le chrétien n’est donc pas soumis aux lois civiles et cérémoniales de la loi de Moïse. La loi civile transmise à la nation d’Israël n’a jamais été donnée pour les autres nations du monde ou pour l’Église. Désormais, nous ne sommes plus sous la loi de Moise, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de lois, de commandements pour les chrétiens. Nous suivons maintenant la Loi du Christ : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ » (Galates 6 :2). « Étant sous la loi de Christ » (1 Corinthiens 9:21), nous devons aimer Dieu et les hommes en paroles et en actes.

CONNAITREpourVIVRE.com

Références

[1] John MacArthur, Bible d'étude, notes sur Matthieu 5:17.

[2] Prédication de John Glass sur Youtube intitulée "Qui est Jésus-Christ ?": https://www.youtube.com/watch?v=HiSeTX3qmqQ&t=6s

[3] Versets bibliques tirées de la version Louis Segond, disponible gratuitement sur lirelabible.net: http://lirelabible.net/

[4] Image de couverture réalisée à partir d'un document de pixabay.com: https://pixabay.com/​

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