
Il y a quelques jours, le président iranien rendait visite au président italien pour discuter de transactions commerciales qui pourraient s’élever jusqu’à plusieurs milliards d’euros. Jusque-là rien de très surprenant, mais un fait a fait couler beaucoup d’encre dans la presse italienne ainsi que dans la presse internationale.
Les dirigeants italiens avaient dissimulé par des panneaux blancs les statues de femmes nues se trouvant aux musées du Capitole, afin de ne pas heurter la sensibilité du président iranien et ne pas mettre la presse iranienne dans des conditions qui restreindrait leur capacité de diffusion sur les chaines nationales.
Évidemment, une telle décision a soulevé un tollé en Italie et ailleurs où les défenseurs de la civilisation occidentale y ont vu un refus d’assumer les valeurs démocratiques et culturelles. Que penser de cette situation ? Cet exemple d’actualité nous permet de réfléchir à la question de la qualité morale de la nudité dans l’art, selon une pensée chrétienne. Quel jugement moral, s’il y a lieu d’en avoir, devrions-nous porter face à des statues antiques de femmes ou d’hommes nus ? Qu’en est-t-il de la nudité dans la peinture, la photographie, ou encore le cinéma ?
En tant que chrétien, nous devons progresser dans la sanctification, et cela implique remettre en question ce que la société affirme être acceptable, et ce que nous pensions acceptable avant notre conversion et par le passé. Nous avons reçu pour commandement : « croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 3 :18).
Au fur et à mesure que nous grandissons dans la foi et la connaissance de Dieu, notre pensée se rapproche de celle de Dieu. Bien des habitudes et des convictions que nous avions autrefois, nous apparaissent clairement mauvaises aujourd’hui. Grandir dans « la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » est seulement possible grâce à ce que Jésus nous a révélé de Lui-même dans la Bible.
La Bible est la pensée de Christ
Comment connaitre la pensée divine de Christ au sujet de l’art dans la nudité ? Est-ce possible ? L’apôtre Paul questionne l’accessibilité de la pensée divine et y répondit ensuite : « Car Qui a connu la pensée du Seigneur, Pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ » (1 Corinthiens 2 :16, emphase ajoutée). Paul avait reçu son message « par une révélation de Jésus Christ » (Galates 1 :12), et cette pensée de Christ est maintenant scellée dans la Bible pour notre direction spirituelle (2 Pierre 1 :3, Psaumes 119 :105).
La Bible est pensée du Christ, vous y avez un accès direct, et le Saint-Esprit vous illuminera sur la signification véritable de son contenu (1 Corinthiens 2 :10-16). Évidemment, Christ ne liste pas toutes les questions et tous les exemples particuliers auxquels vous pourriez avoir à faire face, mais Il nous a donné des principes moraux divins pour guider notre réflexion et nos choix dans la vérité quelle que soit la situation.
La Bible est tout ce dont nous avons besoin pour mener une vie sanctifiée (2 Timothée 3 :16-17), c’est le guide parfait pour nos choix spirituels quotidiens : « La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure l'âme ; Le témoignage de l'Éternel est véritable, il rend sage l'ignorant. Les ordonnances de l'Éternel sont droites, elles réjouissent le cœur ; Les commandements de l'Éternel sont purs, ils éclairent les yeux » (Psaumes 19 :8-9).
La nudité publique est une honte
Lorsqu’Adam et Ève étaient sans péchés et en parfaite communion avec Dieu, ils « étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte » (Genèse 2 :25). En revanche, depuis leur chute dans le jardin d'Éden, la nudité en publique, est devenue une honte car elle est une porte ouverte aux pensées perverses : « Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures » (3 :7, voir 3 :5).
Adam était désormais effrayé par Dieu, avec qui il communiait autrefois dans la paix. Après son péché, Adam dit à Dieu : « J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l'Éternel Dieu dit : Qui t'a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ? » (3 :10).
Dans un monde sans péché, la nudité ne serait pas un problème, et la nudité dans l’art serait neutre, car elle ne serait pas une source de peur ou d’occasion de chute pour les pensées d’autrui. Or, notre monde et ses pensées sont remplis de péchés, comme l’affirme Dieu au chapitre six de la Genèse : « L'Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le
mal » (6 :5).
C’est pourquoi Dieu ne laissa pas leur nudité apparente. Alors qu’Adam et Ève avaient simplement cousu des « ceintures » en « feuilles de figuier » (3 :7), restant à moitiés-nus, « L'Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit » (3 :21). C’est la volonté de Dieu que nous soyons vêtus entièrement par pudeur et décence. Dieu commande explicitement aux femmes (et c’est tout autant valables pour les hommes) : « Je veux aussi que les femmes [soient] vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie » (1 Timothée 2 :9).
Le théologien Robert C. Sproul dit au sujet de la nudité dans le jardin d’Éden : « La toute première prise de conscience psychologique de la culpabilité et de la honte fut la réalisation de la nudité. Depuis ce moment, les humains ont été les seules créatures qui se sont ornées de vêtements synthétiques, parce ce qu’il est inscrit dans notre humanité déchue d’assimiler la honte et l’humiliation avec la nudité ».[1]
La Bible est donc claire sur le fait que la nudité publique est une honte (Exode 20 :26 ; Michée 1 :11 ; Esaïe 47 :3 ; Apocalypse 3 :18), et que le manque de pudeur est une caractéristique païenne : « Rentrez en vous-mêmes, examinez-vous, nation sans pudeur » (Sophonie 2 :1).
La nudité et l’immoralité sexuelle
Vous me direz, « les statues grecques nues » il n’y a rien de mal à cela. C’est certainement ce que pensaient les grecs qui assistaient aux jeux olympiques pour observer les athlètes qui concouraient nus. Les spartiates étaient aussi nus pour s’entrainer physiquement et s’exercer au combat. L’historien grec Plutarque décrit la coutume suivante dans sa biographie de Lycurgue, un législateur mythique de Sparte :
« Ces processions publiques de jeunes filles, et leur apparence nues durant leurs exercices et leur dance, étaient des séductions pour le mariage, opérant sur les jeunes avec la rigueur et la certitude, comme disait Platon, de l’amour, sinon des mathématiques. […] Ces processions publiques dans lesquelles les jeunes hommes et filles dansaient nus, et en temps d’hiver, les officiers les forçaient à marcher nus autour de la place du marché ».[2]
À l’époque du Christ, la pudeur n’était guère respectée non plus par les grecs et les romains puisque Paul devait combattre l’immoralité sexuelle et la décadence dans bien de nouvelles églises, comme celle de Corinthe (1 Corinthiens 5:1; 6:18; 7:2 10:8; 2 Corinthiens 12:21). Nombre de coutumes locales étaient perverses, telles que les orgies lors desquelles les convives se retrouvaient nus et impliqués dans l’impudicité et l’homosexualité. Il y avait même de la prostitution sacrée, des horreurs de temples païens où avaient lieu des rapports sexuels entre les croyants et des prêtresses, pour se rapprocher soi-disant de leurs dieux.
Les grecs et les romains n’avaient donc aucun dilemme moral pour sculpter des femmes et des hommes nus. On note que des statuettes de femmes nues d’une trentaine de centimètre étaient financièrement à la portée de tous. Par exemple, de telles statuettes ont été retrouvées dans des maisons juives à diverses époques, et les historiens se demandent même si elles étaient utilisées à des fins idolâtres ou pornographiques.
Le principe biblique peut-il s’appliquer à l’art ?
Il y a-t-il une raison valable pour laquelle il serait une honte et un péché de se déplacer nu dans la rue, alors qu’il serait tout à fait moral de placer en publique une photographie d’une femme nue ? En France, l’exhibition sexuelle en publique est passible d’un an de prison et de 15000 euros d’amende,[3] bien que le lieu, les personnes assistant à la scène, et la partie dévoilée fasse grandement varier le jugement.
Le principe biblique que nous avons considéré, et qui a probablement influencé cette loi française, est la protection de la pudeur et de la pensée d’autrui en refusant d’exposer la nudité. Certes, l’imagination de l’Homme ne sera jamais complètement inhibée par le vêtement, mais cela n’est pas une raison pour encourager ses vices. De plus, Dieu a souhaité que l’homme soit vêtu, agir contre ce principe en action ou en représentation est une rébellion envers le Créateur.
« Dieu a souhaité que l’homme soit vêtu, agir contre ce principe en action ou en représentation est une rébellion envers le Créateur »
Si donc la vue du nu catalyse des pensées sexuelles, et qu’il est proscrit en publique, le chrétien se doit d’être cohérent et de reconnaitre que le nu dans l’art accessible à la vue de tous n’est pas moral non plus. Une photographie, une statue, un film, ou encore un dessin contenant une personne nue n’est bon ni pour les hommes, ni pour les femmes, ni pour les enfants.
Pour rendre la question moins théorique et plus personnelle, considérez les situations suivantes. Penseriez-vous qu’il soit bon devant Dieu qu’un artiste sculpte sa femme nue et expose sa statue sur une place publique ? Que diriez-vous si quelqu’un prenait en photo une personne dénudée de votre famille (hypothétiquement volontaire) et exposait cette photo sur internet ? Que pensez-vous de ceux qui filment des personnes nues et appelle cela de l’art ?
Si vous êtes chrétien vous penseriez probablement que toutes ces situations sont indécentes et pècheresses et que certaines relèvent même de la pornographie. Or, il nous faut reconnaitre que chaque femme et chaque homme exposé nu sous le prétexte d’un quelconque art, est la fille ou le fils de quelqu’un, et potentiellement l’épouse ou l’épouse d’un autre. D'ailleurs bien des « œuvres d'arts » célèbres furent réalisées par des artistes qui reproduisaient le corps de personnes nues qui posaient devant eux.
Et si l’objet d’un nu en sculpture ou d’une peinture est une personne imaginaire ? Des pensées sexuelles envers une personne imaginaire ou réelle qui n’est pas notre époux ou épouse est un péché envers Dieu. Et si je n’ai aucune espèce de vice qui surgit en moi à la vue de la nudité dans l’art ? Il est probable que l’impact de ces expositions de la nudité sur votre esprit soit plus important que vous le soupçonniez, et quand bien même vous y seriez immunisés, d’autres ne le sont pas du tout.
Un artiste chrétien soumis aux Écritures n’utilisera donc pas sa liberté chrétienne pour représenter le nu pour au moins cinq raisons : (1) la volonté de Dieu est que les hommes soient vêtus (Genèse 3 :21), (2) la nudité est une honte (Apocalypse 3 :18), (3) cela serait une source de vices pour les pensées des hommes susceptibles d’observer l’œuvre (Romains 14:21), (4) cela serait une source d’indignation pour ceux qui prennent la pudeur au sérieux (1 Timothée 2 :9), (5) cela contribuerait à banaliser la nudité dans une société au lieu de l’associer à l’intimité du mariage.
Or, ce qui est un devoir de conduite pour le chrétien est aussi le standard de moral pour tous les hommes. Et, puisque Paul écrivait « Que l'impudicité, qu'aucune espèce d'impureté, et que la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints » (Ephésiens 5 :3), il est indubitable au sujet du nu dans l’art que Christ pense que cela ne devrait pas même être représenté parmi les chrétiens, ainsi qu'il convient à des saints.
Il n’est pas étonnant que les cultures anciennes regorgent tant de représentations nues puisqu’elles considéraient l’immoralité sexuelle comme une pratique acceptable. Il n’est donc pas surprenant non plus que le nu dans les photographies, les peintures et les sculptures soient omniprésent dans les musées et les monuments, pour ne rien dire des séries télévisées, puisque l’occident rejette la conduite sexuelle et la morale commandées par Dieu dans la Bible. Une société qui refuse de reconnaitre la honte de ses péchés sexuels se vautrera dans la nudité et la pornographie. C’est tristement le constat de la nôtre.
Or la Bible nous appelle à vivre autrement sur cette terre en étant tourné vers le ciel, vivant avec les pensées du Christ comme nous l’illustre Paul :
« je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus Christ. Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ; et si vous êtes en quelque point d'un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus […] Soyez tous mes imitateurs, frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ […] Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu'aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire » (Philippiens 3 :14-21).
CONNAITREpourVIVRE.com
Références
[1] Robert C. Sproul, traduit en français à partir d’un article en ligne le 01/29/2016, Nakedness Equals Shame, http://www.ligonier.org/blog/nakedness-equals-shame/.
[2] Plutarque, Lycurgus, traduit par John Dryden : http://classics.mit.edu/Plutarch/lycurgus.html.
[3] Maître HADDAD Sabine, article en ligne le 01/29/2016, Exhibition sexuelle et sanction de l'attitude impudique imposée à autrui : http://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/exhibition-sexuelle-sanction-attitude-impudique-7507.htm#.VqtsvUb9rRg.
Comments